Le chocolat dévore les forêts d'Afrique de l'Ouest et fait grimper les émissions de gaz à effet de serre

Le cacao est le principal moteur de déforestation en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, selon de nouvelles données publiées aujourd'hui. Les forêts et l'utilisation des terres sont essentielles pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris en cours de discussion à la COP27.

10 Nov 2022

Oxford, Royaume-Uni (10 novembre 2022) — De nouvelles données publiées aujourd'hui par l'initiative de transparence Trase[1] révèlent que la cacaoculture a englouti 2,4 millions d'hectares de forêt en Côte d'Ivoire entre 2000 et 2019, soit une superficie presque équivalente à celle du
Rwanda. Cela représente 45% du total de la déforestation et de la dégradation des forêts dans le pays.

En 2019, 25 % des zones cacaoyères se trouvaient dans des forêts classées et aires protégées, ce qui reflète la faible application des lois de protection de ces terres.

"Les chaînes d'approvisionnement de cacao sont très exposées à la déforestation, y compris à la déforestation illégale", a déclaré Cécile Renier, chercheuse à l'UCLouvain, qui a dirigé l'étude de Trase.

Les deux tiers du cacao ivoirien sont exportés vers l'UE et le Royaume-Uni. L'UE est en train de finaliser une législation qui rendrait obligatoire l'examen des importations de cacao pour déterminer si elles sont associées à de la déforestation.

En 2019, les exportateurs dont les chaînes d'approvisionnement étaient les plus exposées à la déforestation[2] étaient Cargill, Olam, Barry Callebaut et Touton.

Les données révèlent également une transparence très limitée des chaînes d'approvisionnement, même si les entreprises de l'initiative Cacao & Forêts (ICF)[3] affirment avoir cartographié plus de 70% de leurs approvisionnements directs.

"Les approvisionnements directs ne représentent qu'une fraction de l'histoire", a déclaré Renier. "Les négociants achètent des volumes importants - parfois la majeure partie de leur cacao - auprès d'intermédiaires, sans savoir auprès de qui ces intermédiaires s'approvisionnent. En fait, les exportateurs de l'initiative Cacao & Forêts n'ont cartographié que 22 % des exportations nationales
de cacao en 2019, et d'après leur dernier rapport, la situation n'a pas beaucoup évolué depuis."

Selon les chercheurs de Trase, des efforts conjoints entre les entreprises, les gouvernements et les communautés sont nécessaires. Pour mettre fin à la déforestation, les entreprises doivent aller au-delà de la traçabilité de leurs propres chaînes d'approvisionnement individuelles pour investir dans des initiatives au niveau du paysage.

"Le secteur pourrait financer le personnel et les équipements nécessaires aux efforts de surveillance et de protection des forêts dans les régions productrices de cacao", ajoute Renier.

Les forêts et l'utilisation des terres sont essentielles pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, dont les dirigeants mondiaux discutent à la COP27, qui vient de commencer en Égypte.

"La menace que représente l'agriculture pour les forêts africaines a été peu étudiée par rapport au soja et au bœuf en Amérique latine et à l'huile de palme en Indonésie", a déclaré le Dr Toby Gardner, directeur de Trase à Stockholm Environment Institute (SEI) (Institut de l'environnement de Stockholm). "Alors que la COP se déroule, le monde doit entendre les nouvelles moins douces : le chocolat mange les forêts d'Afrique de l'Ouest et augmente les émissions."

Pour plus d'informations, veuillez contacter:

Jolene Tan, Responsable de la communication de Trase | j.tan@globalcanopy.org | +44(0)7961 657952

Notes pour les rédacteurs

[1] À partir du 10 novembre 2022, les données seront disponibles sur le site Web de Trase (www.trase.earth). Fondé par Global Canopy et Stockholm Environment Institute (SEI) (Institut de l'environnement de Stockholm), Trase est une initiative de transparence axée sur les données et un partenariat mondial qui cartographie le commerce international et le financement des produits agricoles, fournissant des outils qui permettent aux entreprises, aux institutions financières et aux gouvernements de lutter contre la déforestation tropicale.

[2] L'exposition à la déforestation est une mesure qui décrit la déforestation passée liée au commerce du cacao. Elle est calculée par une approche rétrospective qui regroupe la déforestation
passée des plantations de cacao actuellement productives. De plus amples informations sur les méthodes de calcul sont disponibles sur demande.

[3] L'initiative Cacao et Forêts (ICF) est un partenariat avec 35 entreprises et les gouvernements de Côte d'Ivoire et du Ghana.

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